Le soleil brillait dans le ciel du Tenesse. Demetria était arrivée depuis peu. Elle ne connaissait pas encore bien le coin. Elle pouvait dire la direction du centre ville mais c'était à peu près tout. Elle n'avait pas encore eu l'occasion de voir Katherine, sa meilleure amie. Mais ce n'était qu'une question d'heures. Elle pensait essayer de lui rendre visite aujourd'hui. Elle avait son adresse, il suffirait qu'elle demande son chemin. Enfin, elle espérait que les gens ici pourraient la guider. Cet endroit lui rappelait son enfance. Le soleil, les arbres, les champs à perte de vue... Petite, elle avait vécu avec ses parents dans la campagne italienne. C'était avant. Bien avant. Depuis elle ne leur avait plus jamais parlé. Comment peut-on encore vouloir adresser la parole à ceux qui vous ont rejeté, ceux de qui vous croyiez être le plus grand trésor. Mais quoi qu'elle fasse, elle ne pouvait s'empêcher de continuer à penser à eux. Ils restaient ses parents, qu'elle le veuille ou non, et elle les aimait, malgré tout, sans les voir, sans leur adresser un mot, elle les aimait. Mais rester là assise devant sa maison à regarder autour ne faisait que la rendre nostalgique. La nostalgie de son innocence. De ceux qu'elle avait perdus malgré elle.

Demetria rentra dans sa nouvelle maison. Elle y vivait depuis quelques jours seulement mais elle l'adorait déjà. C'était un petit coin de paradis comme elle les aimait. Elle enfila un short assez court et un débardeur par dessus sa brassière. Il y avait une chose que son père lui avait laissé et qu'elle n'abandonnerait pas tant qu'elle le pourrait : l'amour de la course. Pas la compétition, ni la recherche d'une perfection du corps. Non, ce qu'elle aimait, c'était tout oublier. Quand elle courait, si elle le faisait assez vite et assez longtemps, elle oubliait tout autour. Elle arrêtait de réfléchir. Et c'était précisément ce dont elle avait besoin maintenant. Elle ne voulait pas s'enfermer encore dans le passé. Elle préférait aller de l'avant, c'était plus dans son tempérament. La brunette n'emporta avec elle ni musique, ni bouteille d'eau. Elle courrait jusqu'à ne plus en pouvoir et elle reviendrait en marchant.

A droite, la ville, à gauche, l'inconnu, la nature. Demetria se tourna vers la gauche pour partir en petites foulées. Elle n'avait pas d'itinéraire précis, de toute manière elle ne connaissait pas l'endroit. Elle aviserait. A une vitesse raisonnable, elle arriva devant les longs champs de blé du Tenesse. La célébrité de la région. De longues lignes droites, à perte de vue, entre les champs. Demetria s'engouffra dans l'une de ses longues lignes, entourée des deux côtés par les hautes tiges. Elle ne voyait rien d'autre que la ligne infinie qui s'offrait devant elle. La jeune actrice accéléra. Elle courait sans plus penser à rien, se concentrait sur son souffle. Les épis défilaient autour d'elle sans qu'elle ne les voit. Elle ne voulait pas voir, elle voulait seulement courir, comme pour échapper à ses souvenirs. D'un pas agile, elle franchissait les mètres, son souffle était toujours régulier pour le moment. Elle était bien entrainée, elle allait courir presque tous les jours.

Le soleil brillait de tout éclat ce matin, Daniel s'étant levé très tôt ce matin. Ca ne lui arrivait jamais de se lever de si bonne heure mais depuis peu de temps. Lorsqu'il se leva et regarda à son tour, son lit complètement défait et des plis sur la couverture de son matelas, on remarquait que ce dernier dormait de plus en plus mal. Deux heures de sommeil, voila le compte de ses heures entières à dormir.
Le jeune homme voulait changer la décoration de sa chambre, mais cela demanderait beaucoup de temps, d'argent et d'idée, ce dont il n'avait pas.

Peut être que l'héritage de son père pouvait l'aider, mais il voulait pas y toucher car son père a beaucoup travaillé pour avoir cet argent qu'il a gagné avec beaucoup de temps, et de ses propres mains.
Il fila comme un éclair sous sa douche, et prit une longue douche froide pour encore mieux se réveiller.
Sa salle de bain n'avait pas grand chose, juste une douche, une baignoire, un lavabo et des armoires, pour ranger tout son matériel, rasoir, gel, ...
Et une autre armoire rien qu'avec ses serviettes, gants de toilette, savon, shampoing.

Il ne déjeuna pas comme à son habitude de tous les matins, il préférait faire une petite course à pied dans les champs de blé non loin de chez lui, il y courait même pour aller à l'écurie, qui est non loin de chez lui et ainsi que pour aller à la ferme, faire son petit boulot de tous les jours ...
Et lors du début de sa course, avant d'entré dans le champ de blé, il remarquait que le blé s'éfritait, mais cependant, il n'y avait aucun vent. Il se disait que quelqu'un devait certainement courir ici, aussi. Et il se rendait compte que la personne qui courait en venait à sa direction.

Le souffle commençait à se faire moins régulier. Depuis combien de temps courait-elle. Demetria n'en avait aucune idée. Comme elle ne suivait pas de programme particulier et qu'elle courait au gré de ses humeurs, de ses envies et de sa forme, elle ne prenait jamais de montre ni de chronomètre. Elle commençait à ralentir, pour reprendre un rythme de course régulier. Jamais elle ne s'arrêtait tout d'un coup, subitement, ce n'était pas bon. Elle avait ses habitudes de courses depuis longtemps. A 13 ans déjà, elle allait courir avec son père, parce qu'elle ne faisait pas de sport à côté et qu'elle tenait à se maintenir en forme. C'était avec lui que cette passion pour la course avait commencé et aujourd'hui, elle avait du le rayer de sa vie. Mais elle allait bien. Enfin il lui semblait que sa vie coulait. Parfois elle n'en était plus qu'une simple spectatrice, elle oubliait qu'elle était l'acteur principal et puis elle se reprenait. Quand elle passait de l'autre côté de la scène, elle allait courir, ça lui remettait toujours les idées en place et ensuite, elle repartait du bon pied. Rien n'était plus agréables que de sentir ses idées noires se vider d'elle-même. Au fur et à mesure qu'elle ralentissait sa course, elle commençait à faire attention à ce qu'il y avait autour d'elle. Mais le paysage n'était pas très varié. Des champs de blé à gauche, et à droite ? Ho, des champs de blé aussi. Cet endroit respirait le calme et la sérénité, transpirait même ce calme, l'imprimait en vous. Elle n'était pas déçue de s'être dirigée vers l'inconnu de la campagne plutôt que d'avoir suivi la route de ville.

Demetria s'intéressa finalement à ce qu'elle pouvait apercevoir en face d'elle. Mais elle ne pouvait rien distinguer d'autre qu'une grande ligne droite. Ses cheveux, relevés en queue de cheval, flottaient dans son dos. Elle les attrapa pour les mettre en chignon, rapidement, sans s'arrêter, elle détestait les sentir fouetter son dos ou son cou quand elle courait. Puis elle reporta son attention sur ce qui l'entourait. Quelqu'un arrivait face à elle. Ils s'approchaient vite l'un de l'autre puisque couraient tous les deux. Mais à une centaine de mètres du jogger, Demetria s'arrêta, bouche bée. Elle connaissait cette tête blonde, cette allure. Elle les connaissait même très bien. Elle entama un grand signe de la main. Reprit sa course. Mais pas une course très sportive, non, la course de quelqu'un qui est pressé de retrouver quelqu'un d'autre. Daniel. Il avait beaucoup fait pour elle, il l'avait soutenu. Sans lui, elle ne savait pas encore si elle aurait surmonté l'épreuve qui l'avait séparée de ses parents. Elle se planta devant lui. Hésita à lui sauter dessus pour le saluer tellement elle était contente mais n'osa pas. Ca faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu tous les deux, elle ne savait pas comment il réagirait si elle lui sautait au cou pour lui planter une bise sur les joues.

Daniel !!! Comment tu vas ... Si j'avais su que je te verrai aujourd'hui j'aurai au moins fait l'effort de ne pas être complètement transpirante !